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Chant I - Le Théâtre
06:49
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Longtemps je fis partie du grand cirque des hommes, où chacun espère le regard des autres semblable au sien. Le gros se montrent maigres, les ânes philosophes. J'étais le musicien, le barde croyais-je avec la vocation de distraire mon audience. C'était oublier les grelots au bout de mes chausses. Au sortir d'une nouvelle chute, mes yeux se posèrent sur mon public, semblable à une couvée attendant la becquée, le gosier tendu, les yeux exhorbités. Je décidai de les fuir et me mis au travail pour une oeuvre qui me surpasserait en taille. Mais dans cette pièce s'est dissous le cirque. Dans la nuit de ces noires n'existe aucun soleil pour m'éclaircir. Je levai parfois la tête vers ces yeux qui évaluent, comparent le vide au rien. Mais ennuyé, je détournai bien vite mon regard.
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2. |
Chant II - Le Soleil
07:23
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Ennuyé je détournai mon regard qui se porta sur l'astre. Si pur, si chaud, que ne pouvais-je l'enserrer au creux de ma paume, le faire rouler entre mes doigts, le laisser se consumer là. Et en fermant la main le pulvériser, en absorber l'énergie.
Mais il est si loin, que ne pouvais-je le rejoindre, sis sur le dos d'une chimère, cravachant, le gardant dans ma mire, le voir grossir et, à mesure que je l'approche en appréhender les détails invisibles l'instant précédent.
Mais il est si brillant. Encore vaut-il mieux m'enfoncer sous la terre et le fuir. Là, au milieu des ombres froides en rêver jusqu'à ce que sa réalité disparaisse.
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3. |
Chant III - L'Homme
07:23
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Ennuyé je me détournai. L'homme apparut, me rendant mon regard. Sans égard pour ceux qui rampent, jaloux de ceux qui volent, il tenait dans sa main une feuille dont il arrachait des morceaux avec application. Se rendait-il compte que chaque partie se détachait avec plus de difficulté et tombait avec plus de poids? Savait-il que déjà ses pieds s'enfonçaient dans la boue. Bientôt viendrait le tour de ses jambes, de son torse puis de sa tête.
Effrayé à l'idée d'assister à son agonie, je fis un pas en arrière, le même que l'homme dans le miroir.
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4. |
Chant IV - L'Enfant
06:40
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Ennuyé, je détournai mon regard. Cette petite chose chétive tapie au creux de mon bras m'annonce l'avenir. Se peut-il qu'elle soit un autre moi-même en puissance? Ou plus? Ou moins? Ouvre-toi, je te ferai gouter mes plus grandes peurs. Je te passerai mes folies que tu feras tiennes, tu seras todue, bien plus que moi. Je verserai mon expérience en toi, te montrerai la voie jusqu'à ce que tu me surpasses. Je deviendrai alors inutile et me retirerai dormir… Tu m'oublieras en même temps que tu verseras la terre sur ma boite de bois, et chaque pelle te rendra plus libre... Jusqu'à ce que tu finisses par emprunter le même chemin. Relis alors ce chant, tes questions y sont inscrites, les réponses également. Et toi aussi commenceras alors à creuser ta tombe.
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5. |
Chant V - Le Dieu
06:34
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Ennuyé je détournai mon regard. Arrive un être faible et décharné, je lui propose mon pain qu'il accepte. Le voyant assoiffé, je lui donne mon vin. Le voyant fatigué, je lui offre mon lit. Le voyant sale je lui donne mes vêtements. Le lendemain, propre, repu et et heureux il m'apparait dans la lumière et me révèle qu'il est le très-haut; mes actions de la veille m'ont valu une place à sa droite.
Vingt ans plus tard, j'ai faim froid et suis sale pour avoir oublié l'espace d'un jour qu'aucun dieu n'existe et que nous sommes seulement des animaux en sursis.
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6. |
Chant VI - La Vieillesse
06:35
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Ennuyé je détournai mon regard et vis ma main. Noueuse, déformée et tachée, se peut-il que ce fut la même qui m'avait portée jusqu'à ce chant? Trop de temps a passé et à force de tourner mon regard l'âge est venu, irréversible. Ma pensée s'englue, les mots me fuient. Déjà m'envahit une lassitude devant la vacuité de cette oeuvre et l'empreinte que je lui devrai... Comme un pas dans la neige. Vite, terminer pendant que c'est encore possible!
Plût à l'élagueur d'épargner un instant encore cette branche mourante.
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I, Voidhanger Records Italy
Obscure, unique, and uncompromising visions from the Metal Underground.
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